mercredi, mars 23, 2005

Donner le temps au temps...

Donner le temps au temps.
Souvent nous voulons maîtriser le temps, l'organiser. Est-ce que ce n'est pas une façon de s'ériger en Dieu, et donc de tomber au coeur même de la chute que décrit Genèse 3. L'arbre de la connaissance et de la maîtrise.
C'est pourtant le chemin inverse sur lequel nous conduit la méditation de l'Ecriture. Après le massacre des prêtres, Elie est conduit par Dieu au désert (1 Rois 19). Pendant 40 jours, il va marcher dans le désert. Pourquoi ? Comme pour l'Exode et ses 40 années de pérégrinations vers la terre promise, il s'agit d'apprendre à mettrede la distance entre sa toute-puissance et le temps de Dieu. Trouver le temps de Dieu, passe par une dé-maîtrise, un dé-centrement.
C'est aussi le lieu d'une chasteté. Non pas au sens où on l'entend souvent : celle d'une pure continence sexuelle, mais bien celle qui laisse l'autre être, sans que l'on lui prenne son temps, sans lui faire violence. La chasteté, c'est la marche au désert où je quitte ma volonté de puissance pour trouver le souffle fragile d'un autrement.
Elie au bout du chemin parvient sur la montagne. Mais Dieu n'est pas dans le tonnerre ou le feu. Il est dans le "bruit d'un fin silence". Le souffle ténu d'une liberté qui nous laisse libre mais qui ne se manifeste que lorsque l'on a abandonné la maîtrise du temps, quand on a rejeté le désir de maîtriser l'autre et nous même. Ce n'est plus alors la violence mais l'épiphanie d'une présence.
Le fruit de la chasteté, c'est peut-être rejoindre cette tempérance qu'évoquait déjà Aristote dans l'Ethique à Nicomaque. Loin de nos passions frivoles, loin de l'urgence, le temps de Dieu, le temps qui nous échappe mais qui prend alors toute sa mesure.

samedi, mars 12, 2005

Séparation - II

Au delà de ce discours théorique, il reste cependant la réalité d'une vie.
Et la prise de distance est souvent la meilleure façon de remettre de l'ordre dans ses idées, de reprendre pied quand un quotidien ne permet plus de dépasser la violence et la haine.

mercredi, mars 09, 2005

Séparation

La séparation est visiblement utilisée par des couples chrétiens, si l'on en croit je ne sais quel site d'avocats qui précise qu'elle est rare et permet parfois de mettre de la distance dans une situation tendue et parfois irréparable...

Si elle est temporaire et permet de mettre de la distance dans une situation trop conflictuelle, on peut en comprendre l'utilité. Mais si elle est l'antichambre d'un divorce cela m'interpelle, en particulier lorsque l'autre ne dispose pas de la même solidité psycho-affective.

Cela reste une solution "moderne". Mais cette "tentation" a plusieurs inconvénients qui me semble majeurs :
1) que va devenir l'autre, quand je décide de me séparer ?
2) suis-je prêt a vivre les inconvénients cumulatifs (solitude, culpabilité, fragilité) qui sont connexes à ce type de solution,
3) il fait porter un poids lourd aux enfants qui vont rester toujours déchirés entre leur amour pour chacun des parents et comme toujours se sentir responsables...

Mais surtout, la séparation/divorce n'est pas compatible, a priori avec l'engagement pris lors de son mariage. Quelle que soit les conditions de celui-ci, les non-choix et les difficultés qui l'ont précédé, le mariage reste un engagement personnel, une volonté de s'unir à quelqu'un pour la vie, pour le meilleur mais aussi le pire. Ce n'est pas un contrat que l'on peut rompre pour incompatibilité de sentiment, mais bien l'engagement d'accompagner l'autre quand il est fragile, malade, souffrant et cela même lorsqu'il n'est pas à la hauteur de l'attente.
C'est dans l'assymétrie du recevoir et du don que l'on peut juger de l'existence d'un amour véritable et non dans l'existence ou non de sentiments pour l'autre.

Aimer ce n'est pas être transporté par l'autre dans un élan passionnel mais entrer dans une dynamique qui implique le don de soi et donc un décentrement...

Ce sens éthique du mariage est au coeur de l'engagement chrétien. Bien sûr, on peut l'ignorer et passer outre. Il reste difficile de juger les actes et la capacité à suivre un oui jusqu'au bout. Mais cela reste pour moi quelque chose d'essentiel, de fondamental. Il est certain, que dans mon cas, c'est plus facile à dire, puisque je ne vis pas le pire. Mais voilà ce à quoi je tient.