jeudi, février 14, 2008

Dialogue

Dans le dialogue « la parole de l’interlocuteur est, de toute évidence, l’extériorisation de l’autre : ce dernier veut que soit compris non les sons qui sortent de sa bouche mais lui-même ». (1)

L’intérêt dans ce cadre d’une démarche conjugale est par la relation de permettre de prendre conscience qu’au-delà de soi-même l’autre existe, est irréductiblement autre et par mon désir m’appelle à être moi-même et pour l’autre. En ce sens, le désir est fondement de mon décentrement.

On retrouve d’ailleurs plus loin chez Hans Urs von Balthasar, une idée qui vient élargir ce concept : « Les amants, du fait qu’entre eux règne l’être englobant, ne se ferment jamais l’un pour l’autre mais dans leur fécondité (quel qu’en soit le résultat) s’ouvrent au mystère fondamental de l’être. La fécondité liée à la seule nature (la procréation d’un enfant par exemple) demeure un symbole, important il est vrai, mais tout de même limité de cette fécondité de l’amour. Il reste qu’à celui-ci doit correspondre à l’intérieur de l’identité divine quelque chose qui demeure inexprimable au niveau de l’archétype. » (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 37

(2) ibid. p. 40

mercredi, janvier 02, 2008

Esprit et Eros

L’amour exigé des partenaires est définitif, au point qu’il est redevable exclusivement à l’Esprit Saint, qui est capable « dans les Epoux de transformer l’Eros naturel en une agapè qui a sa source en Dieu (...) l’amour subjectif devient dans le sacrement la norme objective de l’amour du couple humain. Déjà dans la nature non encore déformée de l’amour humain est esquissée une totale dépossession de soi-même en faveur du partenaire conjugal. C’est peut-être ce que sous-entend Paul quand il dit – ce qu’il faut prendre spirituellement – que « la femme ne dispose pas de son propre corps » (cf. 1 Co 7,4). Mais ce don des corps n’est parfait que dans l’axe d’une eschatologie…

Si l’amour conjugal que Thomas appelle maxima amicitia (CG III, 123) est déjà naturellement une suprême performance de l’Esprit humain, il convient de parler à propos du mariage chrétien (...) d’une inhabitation de l’Esprit Saint dans toutes les formes, actes et renoncement de l’amour fidèle. Car Agapè est le nom propre de l’Esprit Saint or dans l’économie du salut, l’agapè n’est concrète que dans le sacrement originaire de l’amour entre le Christ et l’Église. (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.336